C’est la dernière ombre qui plane sur le spectaculaire processus de réconciliation franco-rwandaise voulu par Nicolas Sarkozy depuis son arrivée à l’Elysée. Avec la levée prévisible des mandats d’arrêt visant des proches du président Paul Kagamé, lancés en 2006 par l’ex-juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière, le chef de l’Etat touche au but. Mais il devra gérer les susceptibilités de ses amis qui étaient au pouvoir à Paris au moment du génocide.
Les foudres d'Alain Juppé. A commencer par celle d'Alain Juppé, alors ministre des Affaires étrangères. Revenu au Quai d'Orsay, ce dernier n'a pas caché la répulsion que lui inspirait Paul Kagamé. Durant des années, l'ancien chef des rebelles tutsis, devenu président du «pays des mille collines», n'a pas cessé d'accuser les dirigeants français de l'époque d'être complices du génocide au Rwanda. Lesquels le lui rendaient bien.
Concrétisé par une visite de Nicolas Sarkozy à Kigali début 2010 et conforté par celle de son homologue rwandais à Paris en septembre dernier, le rapprochement entre les deux pays a été une entreprise délicate. Dans la capitale rwandaise, Nicolas Sarkozy a soigneusement calibré ses propos, évoquant de «graves erreurs d'appréciation, une forme d'aveuglement quand nous n'avons pas vu la dimension génocidaire du gouvernement du président qui a été assassiné». Il avait en mémoire les réactions indignées suscitées par les propos de Bernard Kouchner, en janvier 2008, à Kigali. En présence de Kagamé, qu'i