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Libération

«Sur le tarmac, Habyarimana a hésité…»

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Senkeri Salathiel, ex-garde du corps du président rwandais témoigne d’une atmosphère de peur quand l’avion est parti de Dar es-Salaam, le 6 avril 1994.
publié le 11 janvier 2012 à 0h00

Senkeri Salathiel cultive aujourd’hui des pommes de terre dans le nord du Rwanda. C’est un paysan débonnaire qui fut longtemps officier de l’armée rwandaise. En 1994, il était même chargé de veiller sur la sécurité du président Habyarimana. Ce 6 avril, il accompagne son chef à la conférence régionale de Dar es-Salaam, en Tanzanie. La vie tient à peu de chose : le garde du corps aurait dû prendre lui aussi le vol fatal du retour. Mais au dernier moment, le président du Burundi s’invite à bord. Senkeri resté sur le tarmac apprendra quelques heures plus tard qu’il vient d’échapper à l’attentat. Mais il n’a pas oublié la tension qui régnait ce jour-là peu avant d’embarquer.

Rumeurs d'attentat. En arrivant sur le tarmac, Habyarimana, surpris note la présence, au sein de la délégation, de Déogratias Nsabimana, le chef d'état-major. En principe, il n'aurait jamais dû embarquer en même temps que le Président, une règle édictée par simple précaution de sécurité. Devant Habyarimana et son entourage, le chef d'état-major explique qu'il a été prévenu la veille au soir par… le directeur de cabinet du ministre de la Défense. Il s'agit du colonel Théoneste Bagosora qui jouera un rôle décisif dans la prise de contrôle des ultras juste après l'attentat. Or le chef d'état-major était réputé opposé à un massacre de grande ampleur. «En le découvrant sur le tarmac, Habyarimana a hésité, se souvient l'ancien garde du corps, puis il s'est tourné vers son secrétaire par