La bourgade de 5 000 habitants se cache dans les belles collines verdoyantes du nord-ouest de la Tunisie. Il faut rouler deux heures trente pour gagner Sejnane depuis la capitale. Le 4 janvier, émoi à Tunis : «Sejnane, le premier émirat salafiste en Tunisie», alarme en une le quotidien arabophone le Maghreb. Le journal relate que la petite ville est aux mains d'un groupe de jeunes salafistes, qui auraient installé un tribunal et une prison pour punir les actes contraires à la charia.
«Sejnane est à eux», pleure un infirmier, Ali Malaoui. Samedi, il a raconté à une délégation de la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH) avoir été présenté le 31 décembre au «tribunal» en question, installé selon lui dans le local du club de foot. Il y aurait subi un «interrogatoire musclé» de quatre-vingt-dix minutes. «Ils m'ont relâché en menaçant de me tuer et de brûler ma maison si je continuais à révéler ce qu'ils faisaient.» Car, poursuit Ali, «j'avais porté secours à deux hommes, blessés à la tête à coups de sabre, parce qu'ils n'empêchaient pas leurs petits frères de boire. J'avais aussi écrit aux autorités pour leur demander d'intervenir». Les témoignages s'égrainent. Parce qu'il «boit du vin», Chiheb a été roué de coups, sa main fracassée. Des habitants disent être contraints à la prière. A la mosquée, les salafistes ont imposé leur imam, âgé d'à peine plus de 20 ans.
Coup de pied. Les salafistes en question s