Le parallèle est saisissant. Le 14 janvier 2011, devant le ministère de l'Intérieur, une foule en colère criait en chœur «Dégage !» à Ben Ali. Mercredi, quasiment un an après, 2 000 à 3 000 personnes se sont à nouveau réunies devant le sinistre bâtiment. Pour, cette fois, acclamer le nouveau patron des lieux, Ali Larayedh. «Le peuple est avec le ministre de l'Intérieur», «le peuple veut la purification du ministère», ont chanté les manifestants, essentiellement des partisans de la formation islamiste Ennahda. Le ministre s'est avancé vers les barbelés qui empêchent toujours d'approcher de l'immeuble. Juché sur une table, mégaphone à la main, il s'est adressé à la foule : «Nous œuvrons pour instaurer une sécurité républicaine qui ne sera au service d'aucune mouvance politique ni de personnes, mais plutôt au service de l'intérêt public.»
Épuration. Le nouveau ministre, qui a passé quinze années en prison, a annoncé mardi la mutation de Moncef Laajimi, haut cadre du ministère de l'Intérieur. Une décision très attendue, en particulier par les familles des martyrs de Thala et Kasserine : elles accusent Moncef Laajimi d'être l'un des principaux responsables de la répression dans ces deux villes, qui ont payé un lourd tribut à la révolution. Le procès de Laajimi est en cours, mais le mandat d'amener contre lui n'a jamais été exécuté. Pis, il a été nommé à la tête des Brigades d'ordre public (BOP), les CRS tunisiens. Sa mise à l'écart sembl