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Libération
Reportage

Birmanie : l’ouverture gagne les prisons

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Des centaines de prisonniers, essentiellement politiques, ont été relâchés hier. Une étape de plus dans l’assouplissement du régime. Tous les opposants n’ont cependant pas encore recouvré la liberté.
publié le 14 janvier 2012 à 0h00
(mis à jour le 14 janvier 2012 à 9h21)

Des cris, des fleurs, des applaudissements et une joyeuse cohue sous un ciel lourd. Le sinistre complexe pénitencier d’Insein, au nord de Rangoun, a rarement été le lieu des grandes effusions en Birmanie. Pourtant, devant cette immense prison bâtie en étoile, des centaines de personnes se sont massées vendredi pour accueillir, comme dans le reste du pays, la libération de centaines de détenus, dont de très nombreux prisonniers politiques. D’ordinaire très présente, la police semblait invisible et a laissé faire quand la foule a envahi la route, bloquant la circulation pour faire un passage dans la poussière aux libérés du jour.

Suspension. Cheveux gris et teint pâle, Tin Min Htut est l'un deux. Dans sa chemise bleue et blanche, il flotte, comme en suspension, encore dans cet entre-deux entre la geôle et l'air libre. Ce docteur de 59 ans vient de passer trois ans et demi à Insein. Pour une lettre, et surtout son appartenance à la Ligue nationale pour la démocratie de l'opposante Aung San Suu Kyi. Après le passage du cyclone Nargis, en mai 2008, qui a tué au moins 140 000 personnes en Birmanie, il avait écrit au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, pour demander l'aide de l'organisation. Les militaires n'ont guère apprécié l'initiative. Il a été arrêté le 12 août 2008, puis condamné à quinze ans de prison. Il précise n'avoir «jamais été torturé».

Ce n'est pas le cas de Nyi Nyi Aung. La police l'a arrêté il y a trois ans à Rangoun : «Pendant tro