Menu
Libération
Reportage

Côte-d’Ivoire Valse avec les démons

Article réservé aux abonnés
Au plus fort de la guerre civile ivoirienne, la «sorcière» Simone Gbagbo, ex-première dame, a incarné les croyances occultes et les superstitions omni-présentes dans le pays.
publié le 14 janvier 2012 à 0h00

C’est une histoire de tresses, exhibées comme un trophée. Le scalp d’une femme haïe, qui apparaît ce jour-là, regard hébété, le crâne à moitié dégarni, avec ses faux cheveux arrachés, le 11 avril 2011, à l’hôtel du Golf, à Abidjan.

Après quatre mois de combats dans la capitale ivoirienne, le clan Gbagbo vient d'être capturé. Fin de parcours pour celui qui avait refusé de reconnaître sa défaite à la présidentielle de décembre 2010, entraînant son pays dans une dérive sanglante. Les forces rebelles alliées à son rival, Alassane Ouattara, ont forcé les portes du «bunker» de l'ex-Président et l'ont immédiatement conduit dans cet hôtel de luxe, où Ouattara s'était réfugié pendant toute la crise. Avec Laurent Gbagbo : sa mère, ses enfants et petits-enfants. Mais surtout elle, sa femme, Simone. «La sorcière», comme on l'appelle encore dans les rues d'Abidjan. Bien plus que «Laurent», c'est elle que les Ivoiriens redoutaient, la soupçonnant d'être derrière toutes les dérives criminelles du régime. Elle sera particulièrement malmenée au moment de sa capture. Les images de cette femme à terre, dont on brandissait les cheveux arrachés, ont choqué. Mais il y avait plus que de la colère dans ce geste dégradant.

La pluie, pour contrer les pouvoirs magiques des rebelles

«Les tresses ? On raconte qu'elles étaient nouées avec les nerfs d'un enfant sacrifié au Bénin. Ils voulaient les arracher au plus vite, pour l'empêcher d'user de ses sortilèges», chuchote un fonctionnaire de l'ONU. Folklore de gris-gris ? Fantasmes popula