Lorsque l'on vient de Pékin dans cette «autre Chine», c'est le choc assuré. On entre comme dans un moulin dans les QG de campagne des deux principales formations. Le Kuomintang (KMT) et le Parti démocrate progressiste (DPP, indépendantiste) s'affrontent ce samedi dans la cinquième élection présidentielle au suffrage direct à se tenir à Taiwan. On est accueilli par des centaines de militants souriants, bardés de badges et coiffés de casquettes à l'effigie de leur parti. Ils confectionnent des calicots, déballent des tracts et galopent d'un endroit à l'autre dans cette ambiance fébrile qui caractérise les scrutins serrés.
«Idiots». Au siège du DPP, on éventre des conteneurs de petites tirelires en forme de cochons et emplies d'argent. Elles sont devenues un emblème du DPP à la suite d'un incident cocasse qui a marqué le début de la campagne. Le KMT s'était insurgé après que des enfants eurent été filmés en train de remettre leurs économies ainsi emballées au DPP, et avait menacé de dénoncer à la justice cette grave infraction au code électoral. Scandalisé par la mesquinerie grotesque d'un Kuomintang faisant feu de tout bois, le DPP avait alors fait fabriquer des millions de ces petits cochons qui, distribués partout, ont rapporté une manne fabuleuse au parti.
«La démocratie fait désormais partie de notre identité taïwanaise, et il n'est pas question pour nous de se laisser avaler par la dictature chinoise», tranche un militant du DPP en résuma