«Nous ne sommes pas en guerre avec notre armée», a martelé récemment le président pakistanais, Asif Ali Zardari. Si ces propos étaient censés rassurer, c'est raté. Aux prises avec une violente insurrection islamiste talibane et empêtré dans une profonde et inédite crise diplomatique avec les Etats-Unis, le Pakistan avait tout sauf besoin d'un conflit ouvert entre son gouvernement, très affaibli, et des militaires éprouvés par une année 2011 désastreuse pour leur image.
Ces dernières semaines, la traditionnelle rivalité entre le gouvernement et l’armée, qui a rendu le pouvoir aux civils en 2008 mais reste considérée comme l’institution la plus puissante du pays, a atteint son paroxysme avec l’affaire dite du «mémogate». Asif Ali Zardari est accusé d’avoir transmis, en mai - soit juste après le raid américain clandestin qui a tué Oussama ben Laden dans une ville de garnison du nord du pays -, un mémorandum demandant à Washington d’empêcher l’armée de prendre le pouvoir. Une accusation très grave dans un pays arc-bouté sur sa souveraineté et volontiers anti-américain. Et un souci de plus pour un gouvernement déjà très impopulaire, accusé de corruption et d’incapacité à mener les réformes nécessaires pour sortir le pays d’une crise économique et énergétique profonde.
Escalade. La cote d'Asif Ali Zardari, veuf de Benazir Bhutto, la Première ministre assassinée fin 2007, est au plus bas depuis son accession au pouvoir, en 2008. Le gouvernement est aussi de