«Vada a bordo, cazzo !» «Remontez à bord, bordel de merde !» Il est 1 h 46, dimanche matin. Pour la troisième fois, le commandant de la capitainerie du port de Livourne, Gregorio de Falco, contacte par téléphone Francesco Schettino, le capitaine du Concordia. Depuis près de trois heures, le navire de croisière avec ses 4 229 personnes à bord est échoué sur les récifs de l'île du Giglio. Violant les plus élémentaires règles maritimes, Schettino est l'un des premiers à avoir quitté le navire pour se mettre à l'abri sur le quai du petit port de Santo Stefano tandis que des centaines de passagers restent bloqués dans l'épave. Gregorio de Falco s'énerve : «Retournez à bord, c'est un ordre ! […] Il y a déjà des morts, Schettino !» Plaintif, le capitaine du Concordia se défile : «Mais vous vous rendez compte que c'est tout noir et qu'on ne voit rien…»
Depuis la publication de l'enregistrement de la conversation, en pleine tragédie, entre Gregorio de Falco et le «pacha» du Concordia, ce dernier est devenu, selon la presse italienne, «l'homme le plus détesté du pays». Soupçonné d'homicide involontaire multiple, de naufrage et d'abandon de navire, Francesco Schettino a été, mardi soir, assigné à domicile sur décision du juge de Grosseto provoquant une réaction indignée de l'opinion publique. «C'est une mesure que je ne comprends pas», a commenté le procureur chargé du dossier alors que l'Italie s'interroge