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Libération

L’Etat turc indemne au procès Hrant Dink

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publié le 19 janvier 2012 à 0h00

«Il n'y a pas d'organisations [derrière le meurtre, ndlr], mais il y a l'Etat», ironise Ozgür Mumcu, juriste, chroniqueur du quotidien Radikal (libéral) commentant le verdict d'acquittement des 18 personnes accusées d'avoir formé «une organisation terroriste» pour assassiner le journaliste arménien d'Istanbul, Hrant Dink, directeur de l'hebdomadaire Agos, tué par balle le 19 janvier 2007 par un jeune chômeur ultranationaliste. L'assassinat de cette figure du dialogue arméno-turc engagé dans la bataille pour la mémoire de «la grande catastrophe» (l'extermination de plus d'un million d'Arméniens de l'Empire ottoman de 1915-1917) avait suscité un immense choc et plus de 100 000 personnes avaient défilé pour ses funérailles dans les rues d'Istanbul aux cris de «nous sommes tous Arméniens».

Aujourd'hui, l'ensemble des journalistes, activistes des droits de l'homme et avocats critiquent durement le verdict prononcé mardi par la 14e cour d'assise d'Istanbul. Seul Yasin Hayal, instigateur du meurtre, a été condamné à perpétuité, alors que Ogün Samast, le tueur - mineur à l'époque des faits - avait été condamné précédemment à trente ans d'emprisonnement par un tribunal pour enfants. Mais Erhan Tuncel, assistant des services de renseignement de la gendarmerie et de la police, considéré par les avocats de la défense comme le vrai organisateur de l'assassinat, a été acquitté. «On n'attendait pas une décision si mauvaise», a