A chaque fois qu'elle rentre chez elle, un minuscule studio situé dans un immeuble vétuste du bidonville de Mathare, à Nairobi, Zyborah est contrainte de passer devant le même groupe d'hommes attablés dans un bar du quartier. «Ils sont là toute la journée pour observer et faire remonter les informations sur tout ce qui se passe ici», affirme-t-elle. Cette mère de deux enfants reconnaît certains d'entre eux qui, selon elle, se mêlaient au chaos et pillaient des maisons après l'élection présidentielle contestée de décembre 2007. Cette explosion de violence entre ethnies instrumentalisées par des chefs politiques avait fait plus d'un millier de morts et 300 000 déplacés en quelques semaines.
Quatre ans après les faits, la justice se fait toujours attendre et la planche de salut pour de nombreuses victimes comme Zyborah réside dans une éventuelle intervention de la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye. Six Kenyans soupçonnés de crimes contre l’humanité sont sur la sellette. Des charges que les juges devront confirmer ou non ces prochains jours. Zyborah attend impatiemment la décision de l’institution, même si, pour elle, voir ce groupe tous les jours, assis au même endroit, lui fait penser que chaque camp se prépare déjà à des violences, comme en 2007.
Cauchemars. Un an avant la prochaine élection, Zyborah estime que la réconciliation n'a pas débuté dans son pays et que les blessures sont loin d'avoir été pansées. Lorsqu'elle évoque les siennes, sa