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Libération
Récit

Pékin fait leur fête aux dissidents

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L’année du dragon, débutée hier, s’ouvre avec des condamnations à la chaîne d’opposants.
publié le 24 janvier 2012 à 0h00

Les agents en civil de la sécurité d’Etat avaient brutalement embarqué l’écrivain Yu Jie à son domicile de Pékin, le 20 décembre 2010, après l’avoir coiffé d’une cagoule noire. Il n’est réapparu publiquement que la semaine dernière à Washington, où il a organisé une conférence de presse pour raconter son année de cauchemar.

Auteur déjà prolifique à 38 ans, Yu Jie avait eu le tort d'écrire un livre critique sur le Premier ministre, Wen Jiabao, le plus grand acteur de Chine. C'est aussi un ami du Prix Nobel de la paix emprisonné Liu Xiaobo, avec qui il avait créé le PEN Center chinois. «Ils m'ont mis tout nu, m'ont fait mettre à genoux, puis m'ont roué la tête et le corps de coups. Ils m'ont retourné les doigts, donné des coups de pied dans la poitrine et m'ont écrasé sous leur poids.» Les policiers lui disent : «Si on nous en donne l'ordre, on creusera une tombe où on t'enterrera vivant… Tu sais, il n'y a dans tout le pays que 200 intellectuels influents qui s'opposent au Parti communiste. Si les autorités centrales se sentent menacées, elles peuvent les rafler en une nuit, et les enterrer tous vivants.» Yu Jie finit par perdre connaissance sous la torture. Il se réveille sous bonne garde dans un hôpital, où on lui interdit de dire aux médecins qu'il a été battu. Sous surveillance les mois qui ont suivi, il sera finalement contraint à l'exil avec sa famille - qui a été amenée sous escorte policière à l'aéroport de Pékin début janvier. Avant son dépar