Nous, historiens spécialistes du génocide des Arméniens engagés depuis de nombreuses années dans la recherche et la publication d’ouvrages sur ce sujet, tenons à exprimer notre complet désaccord avec les déclarations publiques tendant à faire de la réalité du génocide des Arméniens une thèse à discuter ou l’objet de quelque commission bipartite Turquie-Arménie devant statuer sur son existence, d’autant que derrière cette proposition apparemment objective se dissimule clairement le déni d’un Etat qui gagnerait à assumer son passé.
Nous nous élevons contre cette manœuvre de diversion qui prouve une grave ignorance des acquis de la recherche et finit par recourir à certains ressorts du négationnisme du génocide des Arméniens, instillant le mensonge, le soupçon et la rumeur. De telles méthodes déshonorent la raison critique et flirtent avec les tendances les plus criantes du négationnisme et du révisionnisme dont le but est de contester une évidence, en l’occurrence la réalité du génocide des Arméniens.
Nous rappelons solennellement que toute opinion ne vaut pas démonstration. De telles déclarations remettent en question la masse déjà importante des travaux universitaires sur la réalité de ce génocide commis entre 1915 et 1916, déjà qualifié en son temps de «meurtre d’une nation». La nécessaire poursuite des travaux sur cet événement ne peut s’appuyer sur l’occultation ou le refus perpétuels des acquis de la recherche, par l’invocation d’une liberté scientifique que le négationnis