Un an après le début de la révolution égyptienne, les médias officiels n’ont qu’un souci : faire oublier les révolutionnaires. Les caméras sont braquées sur le Parlement tout juste élu. Il s’agit de nous convaincre que cette élection couronne un processus démocratique irréprochable, en vertu de quoi la légitimité révolutionnaire doit céder le pas à la légalité parlementaire. Bonnes gens, rentrez chez vous ! Oubliez le contexte dans lequel ces élections ont été organisées, un Etat de non droit absolu, l’institution militaire détenant tous les pouvoirs (exécutif, législatif et constitutionnel) et les exerçant arbitrairement, par décrets irrévocables !
Tandis que les membres de l’ancien régime étaient traduits devant des tribunaux civils ordinaires, des milliers de jeunes étaient traduits devant des tribunaux militaires et condamnés, en une demi-heure, à des peines de dix à vingt ans. Leurs manifestations pacifiques ont subi une répression sauvage qui, au cours des trois derniers mois, a fait près de cent morts et plusieurs milliers de blessés graves. Pendant ce temps, les négociations secrètes se poursuivaient, entre les chefs de l’armée et ceux des Frères musulmans, pour définir les règles du jeu électoral, puis les grandes lignes d’une Constitution où les privilèges politiques, juridiques et économiques de l’institution militaire seraient sanctuarisés. Les élections parlementaires, et bientôt présidentielles, se déroulent ainsi dans un flou total, concernant les prérogatives