Menu
Libération
Interview

Youssou Ndour : «Le président risque de tout gâcher»

Article réservé aux abonnés
Le chanteur Youssou Ndour revient sur sa candidature à la présidentielle sénégalaise du 26 février. Elle a été invalidée quelques heures après cet entretien.
publié le 28 janvier 2012 à 0h00

Alors que la présidentielle sénégalaise du 26 février s'annoncait déjà tendue, le Conseil constitutionnel a annoncé dans la soirée de vendredi que le président sortant, Abdoulaye Wade, qui a pourtant déjà accompli deux mandats, était éligible. Dans la foulée, les Sages expliquaient que la candidature du chanteur Youssou Ndour était, elle, irrecevable. Quelques heures auparavant, le célèbre musicien, également à la tête d'un groupe de médias dans son pays, avait accordé à Libération sa première longue interview depuis l'annonce de sa candidature au début du mois.

Est-ce le rôle d’un artiste d’être candidat à une élection présidentielle ?

L'important aujourd'hui, ce n'est pas d'être un politicien professionnel. Moi, ma conscience, ce sont d'abord mes chansons : elles évoquent l'Afrique, et mon pays, le Sénégal. Même si les autorités ne les ont jamais prises au sérieux. Nous sommes dans une époque où il faut bousculer les hiérarchies. Depuis cinquante ans sur ce continent, le pouvoir est accaparé par les élites, les fameux diplômés. Pour quel résultat ? Au Sénégal, il y a des villages qui n'ont toujours pas l'électricité, mais notre Président a fait construire, à Dakar, une statue qui vaut 15 milliards de francs CFA [228 millions d'euros, ndlr]. Alors que le peuple vit dans le dénuement… C'est normal ? L'Afrique a des richesses et des talents, mais tout reste à faire. La vraie question qu'il faut se poser, c'est : quelles sont les priorités de l'action politique ? On assiste à des détournements d'objectifs, sans lien avec les besoins d