Menu
Libération
portrait

Otage, ô désespoir

Article réservé aux abonnés
Christian Joubert. En 1984, cet Orléanais parti au Liban pour œuvrer dans le BTP était enlevé puis libéré. Il réclame le statut d’otage.
publié le 31 janvier 2012 à 0h00

Aux otages français du Liban, d'Irak et d'Afghanistan, une nation admirative et attentionnée. Pour Christian Joubert, historiquement le premier d'entre eux, l'oubli. Depuis son retour sur le sol français, le 15 avril 1984 après soixante et un jours de captivité au Liban, il rumine, infuse et tente de digérer cette absence de reconnaissance. L'entreprise orléanaise de bâtiment et travaux publics qui l'employait ? En faillite. Son couple ? Enterré. Ses amis politiques ? Eloignés. Ne lui restent aujourd'hui qu'une santé précaire et une pension d'invalidité qu'il partage avec Martine, son amie de trente ans avec laquelle il vit aujourd'hui. «Je ne veux pas de médaille. Je demande juste à être reconnu comme ancien otage», plaide-t-il, assis dans le fauteuil de son salon, face à un téléviseur qui diffuse, pour l'occasion, les images de son retour, en qualité VHS. Et celles des nouveaux otages accueillis à bras ouverts par des officiels dressés sous l'œil de caméras.

Autour de lui, rien n'indique le changement d'époque. Les photos du général de Gaulle - son modèle - partagent le peu d'espace avec des trophées sportifs, catégorie twirling bâton, dont il a longtemps présidé le club local de Saint-Ay. Le mobilier de cette petite maison de Huisseau-sur-Mauves (Loiret) est tout aussi horodaté. Du Formica, des couleurs boisées, d'innombrables bibelots et collections d'ouvrages thématiques, des cassettes vidéo… Discret et imposant, trônant au milieu de cet intérieur suranné, Chris