«Que Wade s'en aille !» Hier, ce fut un jour de colère à Dakar. Les manifestants qui se sont rassemblés par milliers sur la place de l'Obélisque entendaient bien exprimer leur révolte face à la candidature d'Abdoulaye Wade, président sortant qui se représente une fois de plus avec la bénédiction du Conseil constitutionnel, alors qu'il a déjà accompli les deux mandats autorisés par la loi. «Aujourd'hui, tout est permis, il faut s'attendre au chaos», s'exclamait Ibrahima, un chef d'entreprise venu exprimer son mécontentement. Pour l'opposition, la manifestation d'hier, autorisée à la dernière minute, était l'occasion de démontrer enfin sa force après les incidents meurtriers du week-end.
Pourtant, les leaders de l'opposition avaient d'abord semblé sonnés, vendredi, quand fut annoncée la décision du Conseil constitutionnel validant la candidature du président en exercice, alors que celle du célèbre chanteur Youssou Ndour était, elle, invalidée. Mais, très vite, les chefs ont été débordés par leurs troupes : dès l'annonce de la liste des candidatures, un rassemblement de jeunes en colère provoque des violences et la mort d'un jeune policier à Dakar. Dimanche, les opposants regroupés au sein du Mouvement du 23 juin (M23) lancent un «appel à la résistance républicaine» et annoncent le rassemblement d'hier hier. Dénonçant un «coup d'Etat constitutionnel», les militants du M23 voulaient protester aussi contre l'arrestation, vendredi, d'Alioune Tine, coordin