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Interview

«Ce match est la parabole d’un pays qui se regarde sombrer»

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Spécialiste de l’Egypte, Henri Boulad a dirigé le centre jésuite du Caire. Il revient sur les conséquences politiques de la tragédie de Port-Saïd.
Au Caire, jeudi. (Photo Asmaa Waguih. Reuters)
publié le 3 février 2012 à 0h00

Henri Boulad, 80 ans, vit à Alexandrie. Il a dirigé le centre jésuite du Caire. Proche des révolutionnaires du printemps arabe égyptien, il revient sur les conséquences politiques de la tragédie de Port-Saïd.

L’Egypte s’enfonce-t-elle dans le chaos ?

Cette tragédie révèle dans toute son évidence la déliquescence des pouvoirs. Le Conseil supérieur des forces armées s’est totalement discrédité en n’assurant pas la sécurité. Le peuple perd chaque jour le peu de confiance qu’il avait encore envers les militaires, si bien que l’armée pourrait hâter son retrait vers ses casernes puisque, dans la rue, son inutilité est totalement démontrée. Cette tragédie est aussi le symbole d’une chute libre du pays. C’est le miroir de l’Egypte d’aujourd’hui, qui navigue dans un épais brouillard. C’est le pays de toutes les inconnues. Je vois, autour de moi, des gens et des voisins qui cherchent déjà depuis des jours à s’armer, dans une logique d’autodéfense.

Le gouverneur de Port-Saïd a démissionné…

Quand on sait la passion furieuse qu’il y a ici pour le foot ! Le gouverneur contemple ce champ de bataille puis démissionne… Et que dire du laisser-faire coupable des forces de police chargées de la sécurité ? Ce match est la parabole d’un pays qui se regarde sombrer, avec des responsables qui refusent de se mouiller et se renvoient à la figure les responsabilités. Le pouvoir du maréchal Tantaoui ne vaut plus rien. Il m’