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Libération

France-Allemagne, la «désimbrication»

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publié le 4 février 2012 à 0h00

Ce pourrait être une définition de mots-croisés : quel pays est à la fois «une petite Chine» et une «grande Suisse» ? Soyons plus précis : habité par le mercantilisme, il accumule comme la Chine des excédents commerciaux himalayens, affiche ses réussites insolentes en pleine crise et cherche - l'air de rien - une revanche sur l'histoire. Mais comme la Suisse, il n'a pas vraiment de projet politique, ni d'ambition idéologique et se contenterait volontiers de demeurer un nain militaire. Ainsi va l'Allemagne, auscultée par Jean-Michel Quatrepoint, Hakim el-Karoui, Jacqueline Hénard et Etienne François dans la dernière livraison de la revue le Débat. Selon ces chercheurs et journalistes, la crise a rouvert un «problème allemand» pour les Français. Notre voisin nous échappe, insaisissable, comme aspiré par un nouveau destin, un sonderweg, qui nous est aussi étranger qu'inquiétant. Plus la France cherche fébrilement à s'abriter derrière la puissance de l'Allemagne, plus celle-ci semble vouloir se dérober. Il n'en fallait pas davantage pour que certains - à gauche comme à droite - s'autorisent à entonner de vieux refrains germanophobes.

Le modèle allemand sert tout à la fois de référence ultime en matière de performance et de repoussoir en raison d'une obsession monétaire devenue certes anachronique. «Vouloir copier ce modèle est une absurdité», proteste Quatrepoint, agacé par cette idée reçue tenace. Les auteurs démontrent combi