Le 18 mars prochain, nous commémorerons le cinquantième anniversaire de la signature des accords d’Evian, et donc la fin de la guerre d’Algérie. Mais la guerre d’Algérie est-elle vraiment derrière nous, loin derrière ? En avons-nous fini avec notre passé colonial et avec les implications de la décolonisation ?
Notre pays n'en finit pas de ressasser et, à bien des égards, de refouler l'avant et l'après de la colonisation, et les modalités du passage de l'une à l'autre. Il n'y a pas, en France, de musée de la colonisation, alors même qu'il existe quelque vingt-trois musées du sabot, comme le dit Pascal Blanchard (1). En France, les immigrés et leurs enfants sont largement perçus comme d'anciens colonisés, ce qui alimente un racisme aux relents nostalgiques. Non seulement, notre passé algérien ne passe pas, mais nous ne parvenons pas à faire notre deuil de l'ensemble des processus de colonisation et de décolonisation qui ont si profondément marqué notre histoire.
Depuis les années 80, l’adjectif «postcolonial» s’est souvent imposé, y compris sur un mode littéraire, mais à l’étranger plus que chez nous.
Dans le monde anglo-saxon, les postcolonial studies, sont particulièrement critiques envers les anciens pouvoirs coloniaux et l'empreinte culturelle qu'ils ont laissée au sein des anciennes colonies, notamment en termes d'identité. Pour leurs ten