Une extravagante affaire vient d'éclater, mêlant soupçons de trahison, mafia et lutte de pouvoir au sommet du Parti communiste. Elle a pour personnage principal Wang Lijun, 52 ans, vice-maire et chef de la toute puissante police de Chongqing, une municipalité tentaculaire de 30 millions d'habitants au centre de la Chine. L'homme, qui a l'apparence d'un bureaucrate zélé, a acquis depuis 2009 une réputation d'incorruptible en raison de la brutalité sans mesure avec laquelle il est parvenu à «nettoyer» cette ville d'une mafia qui régnait jusqu'alors en maître.
Lundi, ce légendaire haut gradé de la police chinoise s'est rendu en voiture, apparemment seul, au consulat américain de Chengdu, à 500 km de Chongqing. Chose inhabituelle, et contraire au protocole, il y a passé plus de vingt-quatre heures. Peu après son entrée dans le bâtiment, des dizaines de policiers ont cerné les lieux, comme le prouvent des photos postées sur Internet par des blogueurs. Une rumeur, selon laquelle Wang Lijun «chercherait à faire défection» a circulé. Lorsque, le lendemain, l'officiel est ressorti du consulat, les agents lui ont immédiatement mis le grappin dessus et un cortège de voitures noires l'ont conduit vers un lieu inconnu. Le porte-parole du consulat américain n'a pas voulu dévoiler le contenu des conversations avec Wang, mais a précisé que celui-ci était reparti «de son plein gré».
Disgrâce. Qu'est-ce que Wang Lijun est allé faire au consulat améric