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Libération
Reportage

Au Liban, l’engrenage syrien

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A Tripoli, la deuxième ville du pays du cèdre, pro et anti-Bachar al-Assad se sont affrontés, vendredi et samedi, entre quartiers alaouites et sunnites.
Des militants sunnites libanais soutenant les manifestants syriens anti-régime à Ansar le 11 février 2012. (© AFP -)
publié le 13 février 2012 à 0h00

A Tripoli, au Liban, le quartier sunnite de Bab al-Tebbaneh apparaît encore plus pauvre que les quartiers chiites de la banlieue de Beyrouth. Dans les rues, les voitures ont l'air d'avoir été dépecées, les selles des motos déchirées par des chiens méchants et les magasins vendent davantage de l'occasion que du neuf. Au milieu des petites boutiques, qui offrent trois fois rien, et des immeubles lézardés et comme rongés à l'acide, une pâtisserie, propre, soignée, fait bonne figure. C'est là que cheikh Ayman Kharma, un imam de tendance plutôt salafiste, a donné rendez-vous. «Chaque habitant de ce quartier a un membre de sa famille qui a été soit tué, soit arrêté par les Syriens, sans compter ceux qui demeurent handicapés à cause des tortures subies», lance d'emblée ce religieux, qui a lui-même connu les geôles syriennes.

Fidélité. Pas besoin d'insister pour comprendre que ce qui se déroule en Syrie est vécu par les religieux sunnites de Tripoli comme le prolongement de ce qui s'est passé au Liban, quand les Syriens régnaient sur ce pays, jusqu'à ce que la révolution du cèdre les en chasse, en mars 2005. Aussi, les communautés libanaises considérées comme les alliées de la Syrie, soit les chiites et les alaouites - un autre rameau du chiisme dont est issue la famille de Bachar al-Assad -, sont-elles particulièrement vilipendées. Le cheikh Kharma ne s'en prive pas : «On essaye de ne pas avoir de problème avec les chiites et les alaouites, mais s'ils e