Le vieux lion rugit encore. Et tant pis pour les cyniques qui se moquent parfois de cet utopiste de 89 ans reparti pour une ultime bataille. Idéaliste, Manolis Glezos peut bien l’être. Il est entré dans l’histoire le 30 mai 1941, à 19 ans, lorsque sur un coup de tête et avec un jeune camarade, Apostolos Santas, il décide de grimper de nuit au sommet de l’Acropole. Les deux garçons décrochent alors le drapeau nazi qui flotte depuis trois jours sur la célèbre colline. Par ce geste, ils signent le premier acte de résistance de la Grèce occupée et invitent à l’insoumission face à l’occupant allemand. L’opération sera alors saluée à travers toute l’Europe, du moins celle qui résiste.
Icône nationale. Près de trois quarts de siècle plus tard, le héros de la résistance, plusieurs fois emprisonné, torturé et même condamné à mort, est à nouveau en guerre. Associé au compositeur Mikis Theodorakis, avec lequel il a partagé un autre combat, celui contre la dictature des colonels entre 1969 et 1974, Glezos vient de créer un mouvement : Résistance des peuples démocratiques unis, dont l'acronyme, Elada, signifie «Grèce». En appelant les Grecs à manifester massivement devant le Parlement, dimanche, pour s'opposer «à la trahison» que représente le nouveau plan d'austérité imposé par Bruxelles, les deux vieux combattants ont contribué au succès de ce rassemblement de la colère qui, comme souvent en Grèce, a dégénéré. Les tirs de gaz lacrymogène n'ont d'ailleurs pas ép