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Libération
Interview

«En Syrie, le mouvement pacifique est terminé»

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Réfugié au Liban, l’imam salafiste de Deraa se présente comme le premier religieux à avoir appelé au renversement de Bachar al-Assad. Cheikh Louai al-Zouabi redoute une guerre civile entre communautés :
publié le 15 février 2012 à 0h00

C'est dans un village du Akkar, une région pauvre du nord du Liban, à proximité de la frontière syrienne, que se cache cheikh Louai al-Zouabi, imam de la prière du vendredi de la ville de Deraa, où a commencé l'insurrection syrienne, emprisonné pendant six ans (1993-1998) par le régime syrien, il se revendique comme le premier religieux à avoir appelé publiquement au renversement de Bachar al-Assad. Secrétaire général du mouvement salafiste al-Mu'minin Yousharikoun («les croyants participent»), ce religieux, âgé d'une quarantaine d'années, qui a séjourné en Afghanistan et en Bosnie, affirme incarner une tendance moderniste au sein de ce courant particulièrement radical qui prône un retour à l'islam des origines (salaf signifiant «les pieux ancêtres») et défendre des idées de tolérance au sein d'un courant qui ignore jusqu'à ce mot.

Comment a commencé l’intifada dans la ville de Deraa ?

Par l'arrestation et la torture d'une douzaine d'enfants - le plus âgé avait 12 ans - qui avaient écrit sur les murs : «Le peuple veut faire tomber le gouverneur». Leurs pères ont ensuite voulu négocier leur libération avec les forces de sécurité. Ils se sont entendus dire : «Si vous revenez, on va vous arrêter et obliger vos femmes à venir nous baiser les pieds.» Une avocate, qui voulait défendre les enfants, a été emprisonnée et ils lui ont rasé la tête, ce qui est plus inacceptable que de la tuer. C'est ce qui a fait descendre les gens dans la rue,