L’Europe, ça n’existe pas. Face au magasin d’horreurs qu’est le plan d’austérité imposé à la Grèce, face à ces coups de hache donnés aux salaires et à la protection sociale, face à cette régression de tout ce qui est le modèle européen d’économie sociale de marché, il faut revenir à l’évidence et ne pas se tromper de cible.
L’Europe n’existe pas en elle-même. Elle n’est pas un pouvoir anonyme et désincarné dont les politiques procéderaient d’une volonté mystérieuse. Dans l’Union, il y une instance de décision qui n’est ni le Parlement dont le rôle demeure marginal ni la Commission dont le poids diminue toujours plus. En Europe, tout ce qui est supranational - communautaire dans le cas de la Commission, paneuropéen pour ce qui est du Parlement - ne compte pour à peu près rien à côté du vrai pouvoir qu’est le Conseil européen.
Assemblée des chefs d’Etat et de gouvernement, c’est ce Conseil qui s’est affirmé en exécutif de l’Union, dans une flagrante violation de l’esprit des traités. C’est au cours de ses réunions «au sommet» et de leur préparation par les plus proches collaborateurs des dirigeants nationaux que se décide tout ce qui est réellement important, tout ce qui vient modifier, par des choix politiques, le visage, les législations et la vie quotidienne des 27 pays membres.
Or ces membres du Conseil, seuls et vrais maîtres de l’Europe, ne sont ni des inconnus ni des martiens. Les citoyens européens les connaissent même très bien puisqu’ils les ont élus, au suffrage direct