Correspondant de RFI et l'AFP à Bamako depuis vingt ans, Serge Daniel a suivi de près l'apparition puis la montée en puissance d'Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi). Alors que cette organisation terroriste détient toujours six otages français et que le Sahel est le théâtre d'un nouveau conflit entre des groupes rebelles touaregs et le pouvoir de Bamako, il vient de publier Aqmi, l'industrie de l'enlèvement, aux éditions Fayard. Entretien.
L’enlèvement de ressortissants occidentaux, notamment français, est-il un moyen ou une fin en soi pour Aqmi ?
Il y a un vernis idéologique: l’islam, la volonté d’instaurer la charia sur ce que cette organisation appelle «les Emirats», une vaste région qui comprend le Sahel et l’Afrique de l’Ouest. Mais ce qui distingue les membres d’Aqmi des chebabs en Somalie, par exemple, c’est le business des otages. Il a commencé en 2003 avec l’enlèvement d’Allemands notamment. Berlin a alors demandé à Bamako de ne pas user de la force et de négocier. 5 millions d’euros ont été débloqués pour obtenir leur libération. Cela a créé un appel d’air. Et pour Aqmi, une organisation d’origine algérienne, le Mali est apparu comme un «entrepôt» d’otages.
Diriez-vous que les activistes d’Aqmi sont des jihadistes ?
Oui, mais aussi des voyous, pour lequels la prise d’otages est devenue une activité centrale. Et autour d’eux gravitent les sous-traitants, souvent des jeunes désœuvrés qui sont le premier maillon de la chaîne.