Les trois kalachnikovs passent de main en main. Dix hommes les manipulent, enlèvent et remettent les chargeurs, déplient les crosses en métal ou tentent de déchiffrer les inscriptions gravées sur les canons. «On vient de les recevoir en provenance d'Irak. On les a payées 1 100 dollars pièce», explique Abou Rachid (1), un enseignant. A côté de lui, un jeune homme montre un vieux revolver gris, usé par les années. Deux autres sortent leur pistolet automatique Makarov. Près d'un an après le début du soulèvement, les révolutionnaires des montagnes qui bordent Lattaquié commencent à s'armer. Ils n'ont pas de matériel lourd (aucun canon, lance-roquettes ou mortier), mais des fusils d'assaut et quelques grenades. Les munitions sont comptées ; ils se les répartissent dans des sacs plastique qui n'en contiennent qu'une quinzaine. «Nous sommes obligés de nous armer, nous devons nous défendre. La police s'apprête à fouiller nos maisons, comme elle l'a fait ailleurs, à Homs, Deraa et Hama. A chaque fois, les policiers pillent tout ce qu'ils peuvent et détruisent le reste. Ils jettent même la nourriture par terre et la mélange pour qu'elle ne soit plus consommable. On ne peut pas les laisser faire», affirme Fatima, une jeune fonctionnaire.
Ces derniers jours, les opposants sunnites du nord-ouest syrien s'inquiètent d'une autre rumeur, insistante, qui circule de maison en maison. Le régime aurait commencé à armer les villages alaouites, la branche du chiisme à laquelle ap