L'insurrection d'un peuple, le courage inouï d'une armée révolutionnaire engagée dans un long et inégal combat, la barbarie de la répression… Les deux envoyés spéciaux de Libération, entrés clandestinement en Syrie - l'un dans les villages montagneux du Nord, l'autre dans les faubourgs de la ville martyr de Homs -, livrent des témoignages uniques et importants. La résistance, la souffrance et l'héroïsme ont désormais des visages, des prénoms, des voix. Tout a été écrit sur la Syrie. Sur les contradictions internes d'une dictature héréditaire, corrompue, clientéliste, excluant la majorité sunnite de toutes les sphères du pouvoir ; sur les enjeux spécifiques au monde arabe où se joue en Syrie une guerre encore froide entre l'Iran chiite et l'Arabie Saoudite sunnite ; sur la menace imminente, enfin, d'une «libanisation» et d'un effet domino dans une région prête à se consumer. Tout a été dit.

Reste l’accablement de l’impuissance. On ne peut que saluer les efforts d’Alain Juppé qui, à l’inverse de son patron, préfère aux effets de manche les vertus de l’endurance. Chacun a gardé en mémoire ce qu’a coûté en Irak de se soustraire à la légitimité internationale. Mais on pourrait aussi rêver qu’à l’instar de ce que l’Europe fit au Kosovo, la Ligue arabe prenne ses responsabilités en initiant non une croisade mais une intervention humanitaire pour arrêter les massacres. Le monde arabe prenant à bras-le-corps le sauvetage d’un peuple «frère» martyrisé par un dictateur : voilà