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Libération
Décryptage

La Lettonie rejette encore une fois ses russophones

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publié le 20 février 2012 à 0h00

Les électeurs lettons ont rejeté à une immense majorité (74,62% de non) par référendum, samedi, une proposition visant à faire du russe la seconde langue officielle du pays. Ce refus montre la persistance du sentiment nationaliste au sein de ce petit pays balte, incorporé de force à l’Union soviétique en 1940 après vingt ans d’indépendance. Et témoigne de l’incapacité des dirigeants politiques à tendre la main à la minorité russe, qui représente près d’un tiers des 2 millions d’habitants, mais reste marginalisée au plan politique.

Pourquoi un tel référendum ?

Ce référendum a été organisé à la demande d'une organisation de la communauté russe, Langue natale, qui avait réuni les signatures de 10% de la population dans une pétition. «Notre principal objectif était d'amorcer le dialogue et ce dialogue vient de commencer», a déclaré hier à la télévision publique LTV1 le leader du mouvement, Vladimirs Lindermans. «Même l'hystérie vaut mieux que le silence des vingt dernières années», a-t-il souligné. Les russophones - encore plus nombreux que les Russes qui sont restées en Lettonie après l'indépendance de 1989 - se sentent discriminés. Une partie d'entre eux a rejoint la catégorie des «non-citoyens» qui, au fil des ans et grâce aux pressions de l'Union européenne, a fini par ne plus représenter que 10% environ de la population. Aujourd'hui, les Russes se sentent comme des citoyens de seconde zone, leur droit à pratiquer leur langue avec les admini