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Libération
Reportage

A Homs, «même les enfants sont en colère»

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L’envoyé spécial de «Libération», tout juste sorti de la ville pilonnée sans relâche, raconte l’horreur de la répression syrienne.
Des immeubles en feu, le 21 février 2012 à Homs. Image transmise par l'opposition syrienne. (Photo AFP)
publié le 23 février 2012 à 0h00
(mis à jour le 23 février 2012 à 8h10)

La nuit, la pluie, la boue et une petite colonne d’ombres qui ploient sous leur fardeau. Des torrents de pluie et des champs de boue. Un mur à franchir. A nouveau la boue, si dense qu’elle aspire les chaussures. Encore un mur. Les ombres se faufilent entre les fermes isolées, glissent en sautant des arroyos, trébuchent mais ne trahissent pas le silence, à peine réveillent-elles un chien. Chacune porte ce qu’elle peut sur son dos, de la farine, du lait pour enfant, des médicaments. Une épopée de fourmis pour ravitailler Homs, ou plutôt Bab Amro, le dernier quartier insoumis, le symbole des symboles de l’insurrection syrienne, assiégé depuis des mois et bombardé depuis quinze jours du lever au coucher du soleil.

Tireurs embusqués. Ce sentier improvisé de boue épaisse qui serpente entre les postes de l'armée, c'est le seul itinéraire possible pour gagner Bab Amro, le seul lien avec le monde extérieur. Après la campagne, il y a le passage secret - dont on ne peut révéler l'emplacement, sous peine que l'armée syrienne le détruise comme elle l'a fait avec le précédent -, une canalisation souterraine longue de 4 kilomètres. Une fois à Homs, les membres de l'Armée syrienne libre (ASL), de très jeunes gens surexcités, prennent les provisions et s'occupent de les distribuer. Leurs voitures ronflent, puis bondissent dans la nuit, tous feux éteints. Malgré la nuit opaque, elles sont bientôt repérées et poursuivies par les rafales des tireurs embusqués, jusqu'à ce que les