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portrait

Maudit Guantánamo

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Saber Lahmar. Innocenté au terme de huit ans passés dans le camp américain, cet Algérien est désormais coincé en Gironde.
publié le 24 février 2012 à 0h00

D'une prison à l'autre. D'une cellule de 3 m2 à Guantánamo à un F4 dans un HLM de Mérignac (Gironde). Saber Lahmar y vit seul, reclus, sans recevoir aucune visite. Il a beau avoir été reconnu innocent et libéré en 2009 de Guantánamo, au terme de huit années de détention, il reste comme emprisonné. Aux séquelles physiques - des douleurs musculaires et articulaires - s'ajoutent ces cauchemars quasi quotidiens qui lui font ressasser les tortures subies. «Il fait régulièrement des crises de panique. Il ne répond même plus au téléphone», dit Mohammed Habri, son ami commerçant. Prisonnier de ses souvenirs, Saber Lahmar l'est aussi d'une situation administrative absurde. Algérien sans passeport, accueilli par la France sans l'avoir demandé, il n'a aujourd'hui qu'une carte de séjour d'un an. «Je ne veux pas vivre sur le dos des associations humanitaires mais je ne peux pas trouver un travail avec une carte de séjour d'un an. Je ne peux pas non plus sortir du pays pour aller voir ma famille. La France est comme un grand Guantánamo», explique-t-il dans le bureau de son avocat. Il se reprend, inquiet de se montrer injuste. «Je suis bien sûr reconnaissant à la France. Mais je voudrais juste pouvoir vivre normalement», dit-il dans un français hésitant.

Son avocat Pierre Blazy, ténor du barreau bordelais, est plus virulent. Il accuse la France, et plus particulièrement l'Elysée, de ne pas avoir tenu ses promesses. «Quel est l'intérêt de notre pays