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Goulag : paroles d’Européens

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Un million de non-Russes ont été déportés par les Soviétiques. Jusqu’ici, leurs voix ne s’étaient jamais fait entendre. Leurs témoignages sont rassemblés dans un livre et un musée virtuel.
publié le 25 février 2012 à 0h00

L'histoire des Russes déportés au goulag a été racontée par nombre d'historiens et d'écrivains. On connaît moins le sort d'un million d'Européens non russes, raflés pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Un livre répare cette omission. Dans Déportés en URSS, récits d'Européens au goulag (1), Alain Blum, Marta Craveri et Valérie Nivelon donnent la parole à dix-huit rescapés. Au total, quinze à dix-huit millions de personnes seraient passés par les goulags entre 1934 et la fin des années 50.

L’apogée de ce système pénitentiaire se situe entre 1939, début de la Seconde Guerre mondiale, et 1953, date de la mort de Joseph Staline. Durant cette période, près d’un million d’Européens furent également déportés par les Soviétiques. Ils furent d’abord arrêtés dans les territoires annexés suite au pacte germano-soviétique : Ukraine, Biélorussie occidentale, Bessarabie puis les trois Etats baltes. Et, à l’issue de la guerre, dans les pays d’Europe centrale et orientale satellisés (Pologne, Hongrie, Roumanie …) par l’Union soviétique. Interpellés à leur domicile, ils étaient emmenés dans des camps de travail ou des villages d’exil au fin fond de la Sibérie ou des steppes d’Asie centrale. Cette déportation des Européens est un des aspects du goulag les moins explorés par les historiens.

Russophobie

«L'idée de départ était de constituer des archives sonores avec des entretiens de citoyens européens passés par le goulag», se souvient Marta Craveri, historienne italienne, spécialis