Ils sont venus à trois. Habillés «à l'afghane», la tunique longue portée sur un pantalon ample, la barbe en collier et la tête couverte, ils s'assoient dans un même mouvement. Agés de 21 à 23 ans, leur visage trahit une gêne mêlée d'intense curiosité. Si Abou Hass al-Maqdissi répond aux questions en évitant soigneusement de croiser le regard de son interlocutrice, Abou Mohamed al-Maqdissi est moins discipliné et ne peut s'empêcher de scruter avec attention la visiteuse. Abou Abdel al-Mohajer est le moins loquace. Il a reçu récemment un coup de fil qu'il estime provenir du Shin Beth, les services israéliens de sécurité intérieure, le menaçant d'être «le prochain sur la liste». Fin décembre, un membre de Jound Ansar Allah, le groupe salafiste auquel les trois jeunes hommes sont affiliés a été tué à Gaza en pleine rue, par une frappe de l'aviation israélienne. Tsahal a accusé l'homme d'avoir fomenté et réalisé «de nombreuses attaques terroristes contre des citoyens et des militaires israéliens» et d'être impliqué dans les préparatifs d'une tentative d'attentat à la frontière égyptienne.
«Nous sommes traqués à la fois par le Hamas et par l'ennemi sioniste», commente Abou Hass, qui a déjà expérimenté les prisons du mouvement islamiste palestinien. Il a quitté les rangs du Hamas, comme de nombreux salafistes de Gaza, après la participation du parti aux élections de 2006, lui reprochant de faire «le jeu de l'Occident» et parce que, depuis