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Libération

De Moscou à Damas, la nouvelle lutte des classes

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publié le 29 février 2012 à 0h00

Chaque époque eut ses «classes dangereuses» et ce nouveau siècle a les siennes. Des débuts de la révolution industrielle au développement du secteur tertiaire, c'est le prolétariat, celui qui n'avait «que ses chaînes à perdre», qui a longtemps tenu ce rôle en Europe. Il incarnait alors la première menace pour l'ordre établi comme les paysanneries et leurs jacqueries l'avaient fait auparavant. Dans un cas comme dans l'autre, le danger venait de gueux éloignés des leviers du pouvoir, exclus des formations réservées aux classes dominantes et que l'on pouvait, alors, sabrer sans plus d'égards que Rome n'en avait pour ses esclaves révoltés mais aujourd'hui, c'est différent.

Aujourd’hui, du monde musulman en ébullition à la Russie qui s’éveille et gronde, ce sont de jeunes urbains grandis avec Internet et sortis des universités qui menacent les pouvoirs en place après avoir déjà renversé quatre dictateurs en un an. La situation n’est pas la même à Moscou qu’à Sanaa ou à Téhéran, au Caire qu’à Tunis ou à Tripoli et, moins encore qu’à Damas. Cette contagion de la liberté touche des pays qui n’ont rien d’autre en commun qu’une commune aspiration à la fin de l’arbitraire mais il n’en est que plus frappant de constater que partout, dans chacun d’eux, ce sont les classes moyennes qui portent le changement.

Depuis l’effondrement communiste, il y a vingt ans maintenant, une génération déjà, qu’elles se sont développées en Russie. Autrefois fonctionnaires et dépendants d’un