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Une si vieille Russie

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La Russie de Poutinedossier
A Aramil, dans l’Oural, un jeune sur deux est au chômage, et tous rêvent de partir à l’étranger. Comme sa voisine Ekaterinbourg, cette bourgade souffre de l’un des grands maux du pays : le vieillissement de la population.
La gare de la ville d'Aramil, en février. (Photo Vincent Nguyen. Riva press)
publié le 29 février 2012 à 0h00

Aramil, une localité de 13 000 habitants, est posée sur les contreforts de l'Oural. Ce jour-là, sur le quai de la modeste gare, une poignée de personnes attendent le train pour se rendre à Ekaterinbourg, la capitale de l'oblast («la région»), située à une trentaine de kilomètres. Ici, plus de 60% des administrés sont à la retraite.

Au temps de l’Union soviétique, deux usines agroalimentaires fournissaient un emploi à presque toute la ville. Fermées depuis plusieurs années, elles ont abandonné Aramil à son triste destin. Celui d’un mouroir à ciel ouvert.

Au pied des immeubles, les toboggans ne font plus la joie des enfants depuis des lustres. Raïa, une veuve de 55 ans, se rappelle avec une pointe de nostalgie de ce temps où «les élèves criaient dans la cour d'école». Mais elle en convient : «Il n'y a plus rien à faire pour les jeunes à Aramil. Je comprends qu'ils aient envie de fuir car la situation n'a rien de réjouissant. A l'époque de l'URSS, poursuit-elle, tout était fait pour que les familles puissent s'épanouir. Avoir des enfants était aisé, car nous étions à l'abri financièrement. Je gagnais 300 roubles (7,50 euros), un bon salaire à l'époque. Mon entreprise d'élevage de poulets payait l'école des enfants. On nous a octroyé un joli quatre-pièces. Lorsque j'étais enceinte, mes chefs me donnaient des billets gratuits pour que j'aille me reposer quelques jours en Géorgie ou en Moldavie, sur les bords de la mer Noire. La société faisait en sorte que les