Les insurgés l'appellent «le tunnel». Il mérite ce nom puisque ce souterrain était comme une jugulaire pour le quartier de Bab Amro, une longue veine d'environ 3 kilomètres qui permettait à la petite enclave rebelle de Homs non pas de respirer vraiment, mais de ne pas complètement étouffer. Mais ce n'est en rien un tunnel, juste une canalisation en béton où suinte un peu d'eau, à quelques mètres sous terre, et où ceux qui l'empruntaient se devaient de progresser cassés en deux, pliés comme des vieillards sans canne, dans le noir et la chaleur, traînant des sacs où l'on découvrait quelques vivres, des médicaments, parfois une poignée de roquettes.
Quiconque voulant se rendre à Bab Amro, encerclé depuis des mois par l'armée syrienne, n'avait d'autre choix que ce passage secret qui aurait eu davantage sa place dans un roman d'Alexandre Dumas. Quiconque voulait en sortir n'avait aussi que ce choix ultime. C'était donc le chemin des blessés, ceux du moins qui n'étaient pas gravement atteints, et le photographe britannique Paul Conroy a dû être l'un des derniers à pouvoir l'emprunter. Et l'on imagine les souffrances provoquées par une telle évacuation et le péril encouru par ceux qui les portaient. C'est ce souterrain de la dernière chance que, selon Hadi Abdallah, un membre de la Commission générale de la révolution syrienne, les forces du régime ont fait exploser mardi «blessant un certain nombre de personnes qui s'y trouvaient». Un autre «tunnel», long de 4 kil