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Libération

Le village qui a fait céder le régime chinois

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Les habitants de Wukan votent demain pour élire de nouveaux dirigeants, après avoir chassé les anciens cadres du Parti. Un exemple inédit, mais fragile, de démocratie locale en Chine.
Des villageois de Wukan manifestent contre des expropriations le 19 décembre 2011 (© AFP photo AFP)
publié le 2 mars 2012 à 0h00

«Cet extraordinaire village de pêcheurs rebelle fera parler de lui pendant longtemps encore. C'est déjà une légende», s'enthousiasme Wen, un journaliste chinois qui est venu en catimini assister aux «élections libres de Wukan». Terrorisé à l'idée que sa rédaction l'apprenne, il préfère ne pas livrer son identité. «La censure interdit aux journalistes chinois de couvrir cet événement. Beaucoup de ceux qui sont venus ont été rappelés à l'ordre par le Bureau de la propagande. Mais comme c'est sans doute un pas important de la Chine vers la démocratie, j'ai décidé de venir clandestinement pour assister à cette page d'histoire.» A côté de lui, un jeune chercheur en sciences politiques de l'université Zhongshan est venu rédiger une étude sur Wukan. «Les habitants ont chassé leur secrétaire du Parti corrompu, ils se sont barricadés et ont repoussé les assauts de la police, pour finalement obtenir le droit, aujourd'hui, d'élire librement de nouveaux dirigeants, affirme-t-il. Les autorités ont cédé face à la détermination des habitants et ça, c'est pratiquement sans précédent.»

«Martyr»

Cet après-midi-là, dans le «légendaire» village, un demi-millier d’habitants se pressent devant l’édifice à toiture traditionnelle qui sert d’auditorium. C’est le début de la campagne électorale. Une vingtaine de candidats se succèdent au micro pour exposer leur programme. Ils briguent l’un des sept postes du comité municipal qui devrait être élu demain. Le mois préc