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Libération

Des élections en liberté surveillée par Pékin

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publié le 5 mars 2012 à 0h00

Comme souvent en Chine, d'âpres réalités peuvent se dissimuler sous les apparences. Samedi, les 13 000 habitants du village rebelle de Wukan ont élu à la tête de la municipalité Lin Zuluan et Yang Semao, deux des chefs de la mutinerie qui fascine la Chine depuis décembre (Libération du 2 mars). Le scrutin s'est déroulé dans une école, en présence de nombreux officiels du parti, de policiers en civil et de journalistes étrangers. Cette issue apparemment heureuse a été rendue possible par une singulière volte-face des autorités. Après avoir exercé des mois durant une violente répression qui a coûté la vie à l'un des activistes du village, Xue Jinbo, mort en détention - officiellement d'une crise cardiaque - les autorités ont, contre toute attente, opté, fin décembre, pour la méthode douce. Elles ont nommé le rebelle Lin Zuluan secrétaire du parti, et accepté que le village organise des élections libres pour élire un maire et un conseil municipal.

Le scrutin n'a toutefois pas été aussi libre qu'il n'y paraît, les habitants sont encore loin de récupérer leurs terres spoliées et le meurtre de Xue Jinbo demeurera un déni de justice. La famille de la victime a en effet annoncé hier à Libération qu'elle n'engagerait pas de poursuites judiciaires contre les auteurs du meurtre, en l'occurrence des policiers ou des détenus agissant sous leurs