En plein centre de La Habana Vieja, le quartier historique de la capitale cubaine, la place d’Armes exhibe ses majestueux arbres centenaires qui flirtent avec le violet profond des massifs de bougainvillées. Tout autour de l’esplanade bordée d’immeubles rénovés à l’architecture coloniale, des dizaines de vendeurs ambulants dressent leur étal tous les matins. Les chalands sont plutôt lève-tard : groupes de touristes italiens, argentins, canadiens, chinois ou allemands, ils viennent flâner à l’ombre de la végétation ou des colonnades juste avant l’apéro du midi, coiffés de casquettes aux armoiries de leur tour-opérateur et bardés de reflex numériques.
De quoi faire sourire Manuel, 28 ans, passé maître dans l'art de revendre n'importe quel vieux papier annoté en russe aux Tartarin du tourisme persuadés de faire l'affaire du siècle. «Et en plus, je les mets en contact avec un ami qui peut leur procurer des cigares de contrebande, des taxis à la journée ou… des chicas [des filles, ndlr]. Je prends 30% sur l'opération», rigole-t-il. Des «livres d'époque» de la révolution cubaine (1959) aux écrits du «Che» Guevara ou de Lénine, en passant par les photos sépia des révolutionnaires locaux, les étagères des marchands en plein air regorgent de «trésors».
La place d'Armes est aussi régulièrement prise d'assaut par des hordes de Russes en goguette. «On vient chercher ici des bribes de notre histoire, de l'époque où l'Union soviétique existait», explique Mikhaïl,