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Libération
TRIBUNE

Roosevelt, les hauts revenus et la boîte noire du capitalisme

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publié le 7 mars 2012 à 0h00

En 1938, Horace Stoneham, le dirigeant du grand club de base-ball de New York, les «Giants», a des mots très durs contre la politique fiscale du président démocrate, Franklin Delano Roosevelt, élu en 1932. Fort sérieusement, il pense que l'imposition des plus riches va avoir des effets négatifs sur les résultats sportifs des Giants et miner le moral des supporteurs du club. Au même moment, le grand banquier J. P. Morgan Jr interdit à ses convives de prononcer le nom du Président (R-word) pendant les dîners en ville qu'il organise afin de ne pas gâcher la soirée. Plus encore, Walt Disney en personne ne cache pas son peu de goût pour l'hôte de la Maison Blanche et évoque publiquement la violation des principes constitutionnels américains et un racket organisé des plus riches. «Le Congrès peut désormais vous tondre la laine sur le dos», explique fort posément le dessinateur, dont le succès de 1937, Blanche-Neige et les sept nains, le conduit à payer beaucoup d'impôts. Alors que la politique de Roosevelt est montée en épingle pour rappeler que la proposition fiscale de François Hollande pour les très hauts revenus n'a rien d'exceptionnel, il est bon de rappeler qu'aucun président américain n'avait été autant haï, critiqué, et vilipendé dans les cercles conservateurs. Sportifs, artistes, banquiers et grands industriels haussent alors le ton et font entendre la complainte des milliardaires.

Hier comme aujourd'hui, la rhétorique antifiscale décline les mêm