La terre ne bouge plus et la neige a recouvert les stigmates de son linceul blanc. Comme pour apaiser la mémoire à vif des êtres encore meurtris. Mais ici, personne n’a oublié. Chacun se souvient de ces instants de terreur, il y a presqu’un an, le 11 mars 2011. Une quinzaine, une vingtaine de minutes tout au plus après le puissant séisme de magnitude 9 qui fit danser la terre à 14 h 46. Une journée tragique dont les Japonais parlent aujourd’hui, émus, comme de leur 11 Septembre.
La mer, alors, a déboulé. Une masse folle, un mur d’eau, haut ici et là de 7, 14, 20 ou 40 mètres, a tout détruit. Son eau noire, graissée de fioul lourd, parfois en feu après avoir rasé les installations portuaires, a blessé, noyé, tué en masse. Elle a charrié les êtres, concassé les corps, déchiré des familles, anéanti la nature, les animaux, la vie. Elle a brisé des usines, rasé des champs, avalé des terres, cassé des villes entières, avant de se retirer et de laisser les côtes dans l’état de désolation la plus extrême.
Ambiance Lunaire. Aujourd'hui, sur des centaines de kilomètres de bord de mer et terres mortuaires en sommeil, gelées par la rigueur de l'hiver, c'est une impression étrange. L'excès de calme suscite presque le malaise. Le bord de mer de Minamisoma, à 20 kilomètres au nord de la centrale nucléaire de Fukushima Daichi, est un gigantesque no man's land parsemé de cratères d'eau boueuse, de dalles de béton brisées, de poteaux électriques tordus par l'effet de «blast». L