La chasseuse de nazis franco-allemande Beate Klarsfeld, fan déclarée de Nicolas Sarkozy, a accepté fin février la main tendue… des néocommunistes est-allemands. Elle affrontera dimanche Joachim Gauck à l'élection au poste honorifique de président de la République. Gauck, chasseur d'espions de la Stasi, opposant déclaré au régime Honecker, sera élu, soutenu par l'ensemble de la classe politique à l'exception des néocommunistes de Die Linke, qui voteront, eux, pour Beate Klarsfeld. Avec cette élection, les deux dictatures qui ont assombri l'histoire de l'Allemagne au XXe siècle reviennent au cœur du débat politique.
Beate Klarsfeld, 73 ans, est connue en Allemagne pour un acte de bravoure contesté : en novembre 1968, la jeune journaliste giflait en public le chancelier Kurt-Georg Kiesinger (ancien membre du NSDAP, le parti d'Hitler), en le traitant de «nazi». Depuis les années 60, Serge et Beate Klarsfeld - dûment médaillés en France et en Israël - traquent inlassablement les anciens nazis. Toutefois en Allemagne, son pays d'origine, Beate Klarsfeld n'a jamais obtenu la moindre reconnaissance officielle. L'élection présidentielle apparaît donc comme une tribune.
Mais dans leur traque, les Klarsfeld ont travaillé avec la Stasi, la police politique de l'ex-RDA. «Beate Klarsfeld a reçu de nos services quantité de matériel compromettant sur Kurt-Georg Kiesinger. Son mari, Serge, nous a rendu visite à plusieurs reprises. Ils ont emporté des tonnes de documents