Ma chère Lucienne
J'aimerais t'évoquer mon petit périple, hier, entre le Proxi du faubourg Montmartre, Paris, IXe arrondissement, et chez moi. J'en revenais avec un carton d'emballage qui avait abrité des boîtes de céréales et allait devenir le fond de litière de Nénette, mon chat. En chemin, je croisais des sourires amusés. En arrivant, je me suis rendu compte que ce carton que je tenais plaqué devant moi, portait l'inscription «Fragile. Origine France».
Mais venons au problème qui te préoccupe. Cesse donc de pester contre ton prénom, Lucienne ! Il a le mérite de ressembler à un prénom d'héroïne de roman du XIXe siècle. Il est littéraire. Il est de bon ton. Il est… fran-çais ! Tu ne peux lui reprocher que de n'être plus (ou pas encore) à la mode. Défaut bien minime, somme toute. Il y a longtemps, tu l'as raccourci en «Lucie» qui est, lui, revenu dans l'air de notre ère, allez savoir pourquoi. Tu m'as rappelé Luc, le kiné que j'ai eu, ado, après ma fracture du tibia. Un grand sportif, amateur de courses automobiles. Un jour, qu'il venait de remporter je ne sais quel prix, il exhiba avec fierté, et dans tout le cabinet, les cinq lignes qui relataient sa victoire dans l'Equipe. Comme je m'étonnais du petit défaut, dans le papier de la page, qui suivait immédiatement son prénom, un petit trou, une écorchure quasi invisible dans la typo de l'article, il m'avoua avec réticence qu'il se prénommait en réalité Lucien. Il l'avait troqué contre «Luc» depui