La vie commence parfois à 66 ans. Et au moment où tout semble fini et perdu. Sauf surprise de dernière minute, Aung San Suu Kyi devrait bientôt siéger au Parlement birman. Une consécration ? La fin d'un long et sacrificiel combat politique pour l'opposante birmane ? «Non, c'est le début», rectifiait-elle avec gourmandise le 15 janvier à Libération. Sans exclure sa nomination à un poste ministériel. Ce jour-là, elle reçoit chez elle, au 54 University Avenue, dans le vert et résidentiel quartier de Rangoun baigné par le lac Inya. Regard dense et sombre, cette frêle femme forte débute une aventure qui a tout d'une première : candidate aux législatives partielles du 1er avril à Kawhmuu, une circonscription rurale à deux heures de taxi et de ferry de l'ex-capitale Rangoun, Aung San Suu Kyi n'a jamais été élue et n'a même jamais voté lors d'un scrutin libre. Quinze ans durant, elle a été insultée, menacée, assignée à résidence par les généraux birmans qui ont tout tenté pour l'isoler. Sans jamais ternir l'icône de la démocratie auprès des Birmans et de la communauté internationale.
Aujourd’hui, elle parcourt le pays lors de tournées marathons suivies par des dizaines de milliers de partisans qui la vénèrent comme une mère. Dans l’excitation d’une liberté retrouvée il y a quinze mois et d’une campagne inédite depuis des décennies, Aung San Suu Kyi a démarré une nouvelle vie. Elle se trouve au cœur d’un tourbillon d’urgences, d’espoirs et de projets dans