Un an après Fukushima, le Japon est cette année le pays invité du Salon du Livre. Géographe, Philippe Pelletier est l'auteur de nombreux ouvrages sur l'archipel, dont la Japonésie - Géopolitique et géographie historique de la surinsularité au Japon (CNRS Editions). Dans la nouvelle édition de son atlas, il aborde des aspects méconnus et nuance des clichés concernant la démographie nippone.
Quelles sont les caractéristiques de la zone touchée par le tsunami ?
Le Tohoku est en plein déclin démographique et marqué par un vieillissement de la population accéléré. C’est une des régions parmi les plus pauvres de l’archipel.
A l’échelle nationale, qu’en est-il du vieillissement de la population ?
Le Japon a l’un des indices de fécondité les plus bas du monde (1,3 enfant par femme), et depuis 1995, la proportion des personnes âgées de plus de 65 ans dépasse celle des moins de 15 ans. Géographiquement, cela se traduit de façon contrastée : les mégapoles restent assez jeunes et les périphéries rurales - le «Japon de l’envers» - sont très âgées. Le solde naturel, négatif pour tout le pays, est positif dans certains départements : ceux de Tokyo, Nagoya, Osaka et Fukuoka, ainsi qu’en Okinawa où l’indice de fécondité est le plus élevé du pays.
Vous évoquez un «surdépeuplement» et un «réensauvagement». Qu’est-ce que cela signifie ?
Le Japon de l'envers se «réensauvage», ce qui se manifeste par la résurgence d'une jungle impénétrable dans certaines régions. Depuis une trentaine d'années, l'abondance de meutes de singes pose un vrai problème. Mais surtout, 54% du territoire est considéré en surdépeuplement (kaso), selon un concept formé à la fin des années 60. Les communes perdent 10% de leur population