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Analyse

Le politburo chinois ne peut plus sentir Bo

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Sur fond de luttes de succession, la destitution de cette étoile montante du Parti communiste était programmée.
Bo Xilai. (Photo Liu Jin. AFP)
publié le 17 mars 2012 à 0h00

«Beaucoup de gens ont jeté de l'eau sale sur moi et ma famille. On a même dit que mon fils étudiait à l'étranger et conduisait une Ferrari rouge… Quelles balivernes ! Je suis outré d'entendre de telles calomnies.» Bo Xilai, le puissant chef du Parti de la municipalité de Chongqing, tentait ainsi de se défendre la semaine dernière, lors d'une conférence de presse hâtivement convoquée dans une salle de l'Assemblée nationale populaire. C'était un chant du cygne. La chute de ce fils d'un vétéran de la Longue Marche, qui fut garde rouge, puis ministre du Commerce, avant d'entrer au politburo, le cercle très fermé des 25 hommes qui dirigent la Chine, était en fait déjà programmée.

Jeudi, le couperet est tombé sous la forme d'une dépêche de l'agence Chine nouvelle : «Bo Xilai est limogé de son poste de chef du Parti communiste de Chongqing.» Par voie de conséquence, cet homme de 62 ans ne conservera plus longtemps sa haute fonction au politburo. Pékin n'a donné aucun motif à la révocation de Bo. Sa destitution n'a toutefois certainement rien à voir avec le fait que son fils roule bel et bien en Ferrari dans les rues de Pékin et suive des études à Harvard. Dans un pays où le mot d'ordre est «stabilité» et où «l'unité du Parti» est un principe sacro-saint, cette purge brutale est un séisme.

Torture. «C'est la première fois depuis le massacre de Tiananmen [en 1989, ndlr] que les luttes de clans au sein du Parti sortent au