Les troupes syriennes sont positionnées à une centaine de mètres, derrière une rangée de cyprès. Deux coups de feu claquent. Si près de la frontière, Abou Ahmad ne se sent pas en sécurité. Il a fui le village syrien de Zeraa, près de Qousseir, il y a deux semaines, lorsque les bombardements ont commencé. Il n'a eu que trois kilomètres à parcourir au milieu des champs d'amandiers pour venir se réfugier chez des amis libanais. «L'armée ne visait personne en particulier, toute la région était bombardée», explique-t-il. Dans son village, il n'y a pas eu de manifestations antirégime. Mais à 50 ans, cet agriculteur rêve désormais de liberté : «Avant, je ne pouvais pas parler du prix des tomates ou dire que mon fils était sous-payé. On veut juste en finir avec Bachar al-Assad. Il faut que les Nations unies et les pays arabes trouvent une solution.»
«Eau polluée». Au moins 70 familles syriennes ont trouvé refuge à Masharia al-Qaa, le long de la frontière. A Ersal, un peu plus au Sud, 700 personnes sont arrivées en moins d'un mois. Dans cette ville pauvre et grise, où toutes les maisons sont en béton brut, un minaret vert constitue la seule note de couleur. La Syrie est à une dizaine de kilomètres, de l'autre côté des montagnes qui bordent la plaine agricole de la Bekaa.
Assise sur une chaise en plastique, Imm Mohammed ne cache pas sa colère. 35 personnes, dont 15 enfants, s'entassent dans les deux pièces d'une maison inoccupée, sans toilettes. La fam