Une dizaine d'obus de mortier de calibre 82 mm. et des mines antipersonnel, des batteries ainsi que des fils reliés à des interrupteurs sont disposés en ligne sur le sol. Du matériel vétuste, originaire des pays de l'Est. «Tout ceci date de l'époque de Siyad Barré [ancien président de Somalie, de 1969 à 1991, ndlr], explique Muhamad Yissak, capitaine de l'armée éthiopienne. Ce n'est pas très sophistiqué, mais ça provoque de sacrés dégâts.» Devant une bâtisse aux murs décrépis, qui, avant le début de la guerre civile il y a vingt ans, servait de résidence au gouverneur, des officiers éthiopiens forment un cercle autour de ces engins explosifs improvisés. Ils ont été, disent-ils, abandonnés dans des écoles ou des mosquées par les insurgés islamistes en fuite. La ville de Baidoa, dont l'armée éthiopienne s'est emparée quasiment sans combat le 22 février, est un mélange de bâtiments coloniaux décatis, de maisonnettes aux toits de tôle et d'immeubles fraîchement peints abritant de grandes entreprises de téléphonie ou de transfert d'argent. Cette ville était contrôlée depuis janvier 2009 par les shebab, qui ont revendiqué leur affiliation à Al-Qaeda et s'opposent au gouvernement central.
Représailles. Dans les rues, certains commerces affichent toujours porte close car leurs propriétaires craignent des représailles. «Ils nous appellent et menacent de nous tuer si nous coopérons avec les Ethiopiens», affirme Moalim Ali Barre, vêtu du tradi