«Oh notre père, il était tellement bon, c'était le plus grand. Qu'il repose en paix.» Devant la cathédrale Saint-Marc du Caire, une vieille dame, tout de noir vêtue, pleure. Comme des dizaines de milliers de coptes d'Egypte, elle est venue hier rendre un dernier hommage à Chenouda III, décédé samedi à l'âge de 88 ans.
Tiare. Tout autour de la cathédrale sont brandis d'immenses portraits du patriarche. Dans un cercueil ouvert gît la dépouille du 117e primat de l'Eglise copte orthodoxe, avec sa longue barbe blanche, la tête coiffée d'une tiare en or. De nombreuses personnalités assistent aux obsèques : Naguib Sawiris, le magnat copte des télécoms, Anne Patterson, l'ambassadrice des Etats-Unis, mais aussi Saad al-Katatni, le dirigeant du Parti de la liberté et de la justice, aile politique des Frères musulmans, devenu président de l'Assemblée nationale.
La disparition de Chenouda III survient dans un contexte de difficile transition politique. La minorité chrétienne (entre 6 et 10% des 85 millions d'Egyptiens) craint d'être discriminée ou réprimée dans un Etat dominé par les islamistes. Les Frères musulmans et les salafistes ont remporté plus de 70% des sièges du nouveau Parlement. Malgré les discours d'apaisement de ces mouvements, l'inquiétude est vive. «Ce n'est pas le moment de parler de politique. Mais oui, on a peur, car les islamistes nous détestent», soupire Girgis, étudiant en droit.
Depuis une dizaine d’années, les violences