Dans une Afrique où la modification de la Constitution est en vogue pour se cramponner au pouvoir, il faisait figure de contre-exemple, sinon de modèle. Le président du Mali, Amadou Toumani Touré (dit «ATT»), 63 ans, devait achever son second mandat consécutif à la tête du pays au lendemain de l’élection prévue le 29 avril. Il n’en a pas eu le temps.
Ironie cruelle de l'histoire, ce général démocrate, qui avait participé à l'éviction du dictateur Moussa Traoré en 1991, avant de remettre le pouvoir aux civils, a été balayé par un putsch, mené par des seconds couteaux de l'armée malienne. ATT rate sa sortie, emporté par une énième insurrection touareg dans le nord du pays, qu'il a largement sous-estimée et qui a fini par le balayer à Bamako. «Depuis le début de cette crise, il était dans le déni, confie un proche du dossier. Lorsque la mutinerie a éclaté mercredi, il disait encore à ses interlocuteurs que cela allait s'apaiser…»
Parachutiste. Ses proches rappellent, au contraire, que cet homme simple et chaleureux n'avait cessé de tirer la sonnette d'alarme sur l'impact de la guerre en Libye sur son pays. Difficile, en effet, de ne pas le qualifier de victime collatérale de la guerre contre le colonel Kadhafi. Depuis la chute du régime du défunt Guide, sous les coups de boutoir des Occidentaux, plusieurs centaines de combattants touaregs jadis à la solde du régime de Tripoli ont regagné avec armes et bagages le nord du Mali. A la mi-janvier, pr